mercredi 13 octobre 2010

Soqotra.. Tamam ?

Bienvenue à Soqotra !
Un territoire et une culture qui m’étaient encore inconnus il y a quelques semaines.
Bienvenue sur ce petit écrin révélant une biodiversité incroyable, des paysages multiples à vous couper le souffle (surtout en trekking sur les hauts plateaux !) et une population qui continue à faire vivre un héritage culturel unique.

Soqotra.. Tamam ? est la question que les gens te posent souvent ici, te demandant si tu apprécies leur île. Comment ne pas être sous le charme ? depuis la route qui mène de l’aéroport à Hadibo (la ville principale), il est impossible de focaliser son regard sur la route tellement les yeux sont attirés par les vues alentours.

Hadibo est un gros village au bord de la mer, sur la côte Nord. Les maisons, sont pour la plupart toujours construites selon le mode ancestral de pierres et de mortier. On quitte rapidement l’asphalte pour un dédale de petites ruelles poussiéreuses où les cailloux dictent le code de la route. La route des « champs elysées » où se trouvent banques, hôtels et restaurants puis la rue du souk où il y a la majorité des shops alimentaires, de vêtements ou d’équipements (quincaillerie, ustensiles en plastique de toutes utilités), boulanger, épicier, etc… , la rue des pharmacies (blood brothers analysis center !) ça ne manque pas de charme ! Plusieurs mosquées se répondent 5 fois par jour pour l’appel à la prière (celle à 4h30 du matin est ma préférée), rythmées par des muezzins qui rivalisent en imagination et vocalises. Le rythme de vie est différent du nôtre puisqu’ils ne travaillent que le matin, exception faite pour les commerçants (en même temps, ils proviennent du Nord Yemen) : les activités commencent à 7h du matin pour finir vers 13h. Après, rallas, c’est fini !

Ici comme dans tous pays où l’islam est assez strict, les femmes portent le niqab dès qu’elles ont 15 ans, impossible de passer à côté de cette réalité. Les hommes portent des kefieh noués de façon différente et des futah, un genre de jupe en coton tissé. Impossible non plus de passer à côté des innombrables chèvres et moutons, forts consommateurs de restes de repas, de cartons et de poubelles. Pour info, une chèvre écrasée te coutera 30$ !

Le cheikh est l’autorité locale du village, celui qui règle les problèmes de foncier, qui assure un confort à sa communauté (financier et matériel), avec qui on deale en priorité concernant l’implantation de jardins pour le projet et qui a d’autres casquettes que je ne connais pas encore. On peut tout à fait venir se reposer dans sa « maison de passage » et même s’y restaurer, avec ou sans sa présence ! L’est pas sympa le cheikh ?

Pour se déplacer sur l’île, il y a de bonnes routes bitumées mais aussi de difficiles routes caillouteuses où seuls les 4x4 sont aptes à rouler et enfin les petits sentiers de montagne où les chèvres sont les plus aptes à avancer !

Niveau climat, depuis mon arrivée, l’air est chaud la journée mais rafraichissant dès la nuit tombée (17h30). A partir de décembre s’installe la saison froide, puis la saison chaude d’avril à juin et enfin le khalif, saison des vents, qui balaie l’île de rafales et pluies violentes, surtout en montagne.

Niveau autonomie, comme pour de nombreux territoires insulaires, c’est pas encore gagné. Nous sommes très dépendants des arrivages du continent. Pour le moment, pénurie de gaz alors on cuisine au feu de bois à la maison ! De même pour les fruits et légumes, j’ai constaté un arrivage de tomates sur le marché, on va pouvoir mettre des légumes dans le riz !

Niveau culinaire, on mange des beignets ou du fassouillah (haricots) le matin, accompagné bien évidemment de thé (prononcez « ch-chai » : même préparation que le chaï indien), le midi nous vous proposons du riz avec de la viande, du poisson ou mélangé simplement avec de la tomate, de l’oignon et du piment (dans les villages de montagne, le riz est servi avec du haloub (lait caillé) et du gyi - « beurre» liquide issu du lait de chèvre) et le soir, des roubs (gros pains plats type naan) avec du fassouillah ou de la purée de fèves (foul) ou de l’omelette ou du foie (de chèvre !). Pas très diversifié mais assez bon et pas écœurée pour le moment !

Niveau activités économiques, les gens vivent principalement des activités liées à la pêche, à l’élevage de chèvres et à la culture de palmier dattier. Autant dire qu’à part Hadibo où l’activité est plus importante, cela reste très informel et peu productif. Heureusement, le tourisme n’y est pas encore florissant, ce qui aurait pu apporter son lot d’effets de développement néfaste aux populations isolées et défavorisées. L’île est d’autant plus préservée qu’elle est inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco et donc régit par des lois assez stricts concernant l’introduction de modalités exogènes à ce qui est existant sur l’île. Beaucoup de socotri s’exilent également dans les pays voisins pour transférer de l’argent aux familles restées ici.

Voilà pour ce message à caractère informatif, passons maintenant au cœur du sujet : mon carnet de voyage à Soqotra.

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